Urgence climatique : « L’avenir appartient à ceux qui se préparent » Alexandre Florentin, fondateur de la Carbone 4 Académie
À l’occasion du lancement de la nouvelle formation « Sustainable Supply Chain – Anticiper les risques climatiques », parcours co-créé par MGCM Academy et Carbone 4 Académie et consacré à la transformation des chaînes de valeur face à l’urgence climatique, nous avons interrogé Alexandre Florentin, fondateur de la branche formation au sein du cabinet Carbone 4, sur les raisons de ce partenariat avec MGCM Academy.
6 novembre 2023
Lecture: 5 min
– Pouvez-vous nous présenter la Carbone 4 Académie ?
« Carbone 4 Académie est le centre de formation du groupe Carbone 4, cabinet de conseil spécialisé dans la lutte contre le changement climatique et, de plus en plus, malheureusement, sur l’adaptation au climat qui change déjà. Concrètement, notre mission consiste à faire bénéficier au plus grand nombre de l’expertise de Carbone 4 pour autonomiser les gens dans leur propre organisation. L’académie est finalement une évolution assez naturelle de notre activité de conseil.
Nos formations visent essentiellement des publics dans le milieu de l’entreprise, en middle et en top management, mais aussi des personnes en recherche d’emploi ou en reconversion.
L’académie a été lancée il y a un peu plus de 3 ans, elle a déjà formé plus de 1000 personnes.
– Qu’est-ce qui différencie Carbone 4 d’autres cabinets de conseil ?
Carbone 4 est reconnu pour produire des analyses « cash », étayées scientifiquement, tirant des conséquences concrètes pour les acteurs économiques de la question des limites planétaires. Ce n’est malheureusement pas si fréquent !
Notre expertise s’est construite sur plus de 15 années, elle couvre l’ensemble des secteurs d’activité et toutes les tailles d’entreprises, depuis le CAC40 jusqu’au maraîcher dont on a fait le bilan carbone. C’est essentiel de bien comprendre les mécanismes physiques de notre économie à différentes échelles.
– Quand MGCM Academy vous a contacté pour cocréer un parcours dédié à la Supply Chain pour les décideurs dans l’industrie, qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet ?
Il faut qu’on aille de plus en plus vers des formations métiers – des « form’actions » – pour se mettre au plus près de la réalité des personnes formées, leur donner des clés opérationnelles. Or si nous avions déjà effectué des missions sur tout ce qui compose la Supply Chain, il se cache derrière ce terme un ensemble de métiers qui nous sollicite encore peu, alors qu’on a des choses à dire sur tous les maillons de la chaîne de valeur !
Par conséquent la complémentarité avec MGCM Academy et son formateur Éric Reinhard a été assez évidente. Ce partenariat est une formidable opportunité pour diffuser et accélérer la transition au cœur d’un secteur stratégique.
– Assumez-vous le terme de « l’armée du climat » ?
Je comprends l’analogie guerrière dans le sens où il faut une mobilisation générale et un intérêt collectif qui prime pour résoudre notre problème climatique. Cependant, nous menons déjà une guerre contre le vivant et l’idée est plutôt de faire la paix avec lui. Ce qui est intéressant néanmoins dans le fonctionnement de l’armée, c’est la subsidiarité : l’idée que lorsqu’on a un objectif, les leviers d’action sont laissés à la décision de l’ensemble des échelons jusqu’aux soldats sur le terrain. C’est exactement ce qu’il faut qu’on fasse pour opérer la transition et être à même de naviguer dans l’univers d’incertitude dans lequel on entre, qui est lié aux contraintes physiques.
Il faut qu’on ait de plus en plus de personnes qui comprennent bien le problème à sa source et qui seront ainsi en mesure de prendre les bonnes décisions dans leur quotidien, d’alerter, de manager comme il faut.
– La formation Sustainable Supply Chain va durer 3 jours. C’est à la fois long et court…
C’est à la fois long par rapport à ce que les gens sont habituellement prêts à dédier en temps de formation, et en même temps c’est court si l’on considère qu’on fait face à une crise civilisationnelle qui a de telles implications qu’il faut pouvoir y consacrer du temps. Ce n’est pas en multipliant des formats courts de 20 minutes par-ci par-là qu’on arrive à digérer toutes ces infos, car cela va souvent heurter des schémas mentaux profondément ancrés.
Par ailleurs, ce qui est très important dans le format présentiel sur 3 jours, c’est l’échange entre pairs, car nous n’aurons pas forcément réponse à tout et les gens auront besoin d’échanger en groupe. C’est absolument fondamental dans le processus de transformation.
– Le format présentiel fait donc clairement partie de l’expérience ?
On peut faire des choses très participatives en ligne, mais là le présentiel permet d’aller toucher les participants encore un peu plus loin, y compris dans les temps informels. C’est un format qui permet aussi d’aborder les différentes questions sous un angle citoyen, pas juste en tant qu’employé.
– Un club est créé à l’issue de la formation. Quelle est l’idée, poursuivre les échanges ?
Ce que l’on a constaté, c’est que les gens qui suivent nos formations ont souvent envie de continuer à échanger par la suite et à ce titre les premières promos de la Carbone 4 Académie ont fait des choses absolument incroyables, bien au-delà de ce qu’on avait imaginé possible au départ.
Il y a une fausse croyance assez répandue selon laquelle l’écologie aurait besoin d’une dictature, mais une dictature ne va qu’avec un contrôle de l’information. Là nous sommes dans une démarche inverse puisqu’on cherche à diffuser l’information au maximum en se basant sur un réseau qui parle la même grammaire. Il y a énormément de valeur dans ce partage communautaire après la formation.
– Avez-vous un conseil pour les futurs stagiaires ?
Venez comme vous êtes ! Enthousiaste, curieux, anxieux, au bon endroit à votre poste actuel ou au contraire en plein questionnement… On va accueillir tout ça. Essayez surtout de prévoir du temps en solo après la formation pour revoir vos notes, vous repasser les slides… Se laisser du temps et de l’énergie c’est capital, car le changement n’est pas une démarche facile. Il faut se mettre dans les bonnes conditions, cela se prépare.
– Préparer aussi ses collègues et ses équipes pour qu’ils / elles puissent bénéficier de l’expérience ?
Bien sûr ! Le partage ne doit surtout pas se résumer à une discussion à la machine à café ! Il est essentiel d’aménager son agenda pour faire bénéficier de ces 3 jours à ses collègues et à son équipe.
Soyons clair : il ne s’agit pas juste d’une formation pour se mettre à jour des dernières normes, les lois vont changer très vite… Là nous repartons sur les bases pour construire ensemble une vision des évolutions possibles du monde, en fonction de ce que nous disent les lois de la physique – il n’y a pas de négociation avec elles. On pourra ainsi élaborer différents scénarios pour savoir comment vont réagir les sociétés humaines, que ce soient les acteurs économiques, les États, les territoires etc.
Nous entrons dans un monde qui va être plus perturbé où l’on doit émettre moins de carbone, où l’accès aux ressources et aux énergies fossiles va se complexifier, avec un climat qui est déjà en train de changer et une perte de biodiversité monumentale.
On est en train de payer les premières additions et il faut se préparer aux suivantes… On veut justement donner une capacité aux gens d’arrêter de subir.
L’avenir appartient à ceux qui se préparent. »
En savoir plus sur la formation « Sustainable Supply Chain ».