Michel Morel, expert en management des opérations, revient pour nous sur trois éléments déterminants dans la mutation qu’a connue le secteur, avec pour conséquence un fort gain d’attractivité des carrières dans la supply chain.
Michel Morel, expert en management des opérations, revient pour nous sur trois éléments déterminants dans la mutation qu’a connue le secteur, avec pour conséquence un fort gain d’attractivité des carrières dans la supply chain.
En deux décennies la supply chain est passée de la simple fonction support à un maillon essentiel de la chaîne de valeur des entreprises. Michel Morel, expert en management des opérations et formateur chez MGCM Academy, a été un témoin privilégié de cette évolution. Il retient 3 éléments fondateurs dans la mutation qu’a connue le secteur, avec pour conséquence un fort gain d’attractivité des carrières dans la supply chain.
« J’ai commencé à travailler il y a 35 ans, à une époque où la supply chain était complètement morcelée et assez mal comprise pour quiconque n’y travaillait pas. Il y avait trois entités : les acheteurs qui géraient l’approvisionnement et les matières premières, les planificateurs qui s’occupaient de la partie atelier / fabrication et les commerciaux qui géraient le stock produits finis.
On ne parlait pas de « supply chain » mais plutôt de logistique, une terminologie qui résume assez mal la diversité des opérations qui s’enchaînent tout au long du processus, depuis les fournisseurs des fournisseurs jusqu’aux clients finaux. Dans cette organisation en silos, quand on n’arrivait pas à livrer un client on mettait souvent du temps à comprendre d’où venait le problème !
L’arrivée du (seul) pilote dans l’avion – le directeur supply chain – pour superviser les 3 processus appros / planning de fabrication / distribution, a permis au chef d’entreprise d’avoir un interlocuteur unique qui ait une vision d’ensemble des flux. Imaginez l’impact sur la compétitivité ! Aujourd’hui ça paraît basique, pourtant cela n’a que 20 ans. Cette réorganisation a bien sûr d’abord concerné les grands groupes, où on parlait de gestion industrielle avant que s’impose la terminologie anglo-saxonne « supply chain ». Elle a ensuite rapidement gagné les PME et les PMI. En définitive avec l’arrivée du directeur supply chain, on a compris qu’il y avait des gains de productivité à gagner dans une organisation plus efficiente. À la clé : un meilleur taux de service impactant positivement le chiffre d’affaires, des coûts réduits dans la mesure où l’entreprise est moins confrontée à des situations d’urgence, des stocks réduits et des « lead times » plus courts. On améliore la rentabilité de l’entreprise de plusieurs points uniquement grâce à l’organisation !
La technologie et les ERP, bras armés de la fonction supply chain
L’essor des ERP et des nouvelles technologies a accompagné la mutation décrite plus haut, permettant de canaliser les flux d’information complexes et de générer des gains de productivité considérables à tous les échelons industriels. Ce volet technologique a été le deuxième aspect fondamental dans l’essor de la fonction supply chain. Il ouvre de nombreuses perspectives tant du point de vue de la compétitivité que de la décarbonation des entreprises, on pense notamment à la traçabilité et à l’automatisation de plus en plus poussée des différents process.
Ce concept éclate au grand jour récemment avec la crise sanitaire puis la guerre en Ukraine. Au lendemain de l’invasion Russe le patron du plus grand gestionnaire d’actifs du monde – BlackRock – estime même que nous assistons à la fin de la mondialisation. Les supply chain, qui étaient jusque-là très éclatées, sont confrontées à un profond retournement : l’époque est dominée par la quête de résilience à tous les échelons, avec pour conséquence des supply chain plus courtes.
Conséquence logique des grandes évolutions décrites précédemment, la fonction supply chain bénéficie d’un regain d’intérêt notamment chez des jeunes actifs conscients que s’y jouent de grands challenges pour la compétitivité des entreprises. Tout le monde a en tête les success stories emblématiques qui se sont construites sur l’innovation supply chain, au premier rang desquelles Amazon, ou encore Apple – le CEO Tim Cook est issu de la supply chain – qui a su remarquablement intégrer le volet supply chain dans sa chaîne de valeur.
L’agilité, la résilience, voilà des préoccupations qui laissent encore augurer de belles success stories, avec à la clé l’émergence de nouveaux métiers.
Il est donc plus que jamais essentiel, pour tous les professionnels qui évoluent dans des entreprises qui fabriquent ou distribuent des produits de se forger une culture de la supply chain, et pour les personnes qui exercent déjà ces métiers de faire reconnaître leur expertise.
C’est précisément la mission de MGCM Academy : former tous les maillons de l’excellence supply chain. »